Enfants maltraités, cette criminalité cachée

C’est avec une boule au fond de la gorge que nous avons regardé le documentaire de France 2 sur les enfants maltraités intitulé : « Parents criminels : l’omerta française »(date de première diffusion : le mardi 22 avril 2014 à 22h15 sur France 2)

Ce documentaire bouleversant nous rappelle qu’environ 700 enfants maltraités meurent chaque année sous les coups de leurs parents et des suites de la maltraitance qui leur est infligé. 700 enfants par an, soit 2 enfants par jour

Comment cela est possible ? Comment peut-on s’en prendre à un être faible et sans défense ? Au nom de quoi, de qui, la violence physique et morale est-elle infligée par les parents à un enfant ?

Ce documentaire édifiant pointe du doigt les manquements et les lacunes de l’État français sur ce sujet, que ce soit au niveau des gendarmeries, des services sociaux, du personnel médical ou bien encore au sein des tribunaux, trop de gens ferment les yeux pour « éviter » de soulever des « problèmes » au sein des familles. Le bénéfice du doute est laissé jusqu’à ce que mort s’ensuive…

Plusieurs « affaires » ont été rappelé, dont celle d’une petite fille se prénommant Marina et qui est décédée en 2009. Elle n’avait que 8 ans et cumulait pourtant 6 années de torture et d’atrocité au quotidien. La cruauté de ses parents est innommable, le Président de la Cour d’Assises de la Sarthe a énuméré face caméra ce que cette petite fille a subi entre ses 2 ans et ses 8 ans.

« Entre Septembre 2003 et juillet 2009, Marina a subi des actes de torture ou de barbarie [par ses parents] en lui portant de façon répété, et dès le plus jeune âge, des coups de poings sur le visage et sur le corps, des coups de pied, des coups de tête, des coups de ceinturon et de bâton, en la laissant la plupart du temps enfermée dans sa chambre volets clos, en l’affamant, en la séquestrant dans le grenier, dans le garage ou dans la cave, nue et privée de tout moyen de se protéger du froid, en lui infligeant des douches froides, en alternant des douches froides puis très chaudes, en l’attachant à son lit et en la bâillonnant avec du ruban adhésif, en lui faisant ingérer du vinaigre ou du gros sel, en refusant de l’habiller et en lui faisant passer des journées entières complètement dévêtues, en lui tirant les cheveux jusqu’à les lui arracher, en l’obligeant à marcher pieds nus sur un sol rugueux pendant plusieurs heures avec une charge sur le dos jusqu’au décollement de la peau, et en lui plongeant la tête sous l’eau à plusieurs reprises. »

Comment rester indifférent lorsque l’on entend cela ? Comment s’imaginer que pendant 6 ans une petite fille a subi ces horreurs jusqu’à en mourir ?

Un autre cas est également exposé. Il s’agit de Céline, une rescapée de l’horreur. Son histoire est légèrement différente de celle de Marina sur la cause des coups (quoique la finalité aurait pu être la même). Céline raconte dans le reportage qu’elle a été battue par son père pendant une grande partie de son enfance. Elle était une enfant maltraitée. Elle était principalement battue lorsqu’elle faisait des fautes au piano et lorsqu’elle se trompait dans les notes à jouer. Une méthode de discipline en quelque sorte.

Entendre un tel témoignage entraîne beaucoup de questions. Quelles sont les limites de la violence dans l’éducation et la discipline ? Est-il nécessaire d’avoir recours à la violence pour inculquer et apprendre des choses à son enfant ? Devons nous interdire la fessée ? Pouvons-nous imaginer un enfant subir une claque, une fessée ou une tape sur les mains de temps en temps ? Depuis quand la violence à un côté pédagogique ? Lorsqu’il nous arrive de parler de ce sujet on entend régulièrement cette petite phrase :

« Une fessée de temps en temps n’a jamais tuée personne. »

Tout d’abord, après un reportage comme celui diffusé sur France 2, cette phrase perd tout son sens… Et ensuite, si on prend cette phrase au mot, on peut donc en conclure qu’un homme peut également frapper sa femme pour diverses raisons (lorsqu’il la trouve contrariante ou lorsqu’elle n’écoute pas ce qu’il lui dit par exemple) ? Et pourtant, dans ce dernier cas, les gens éprouvent une gêne la plupart du temps, comme s’il était évident qu’à l’intérieur d’un couple on ne se frappait pas. Alors pourquoi ne pas en faire de même avec ses enfants ? Pourquoi eux, plus petits et sans défense, devraient subir les coups de leurs parents ?

De telles questions sont actuellement débattues en France en ce moment, et je pense qu’il est très important de parler de ce sujet tabou afin d’arriver à protéger tous les enfants victimes des coups de leurs parents.

Il est important de ne pas en faire un sujet tabou, il est important de dénoncer ces comportements, il est important de les montrer du doigt.

Il est important de se rappeler que frapper un enfant, peu importe la cause et peu importe l’intensité du coup, est un acte anormal et cruel.

À travers ce blog, nous nous efforcerons toujours de montrer que la parentalité positive et bienveillante est le reflet du bonheur et de l’harmonie entre tous les membres d’un foyer. Chaque personne est traitée en tant que telle, peu importe son âge, sa taille, son sexe…

N’hésitez pas à réagir et à participer à cette conversation ouverte.

Nous attendons vos réactions avec impatience.

À bientôt,
Amélie

 

PS de Fabien :-)
Je vous invite à vous lire l’article de Catherine Dumonteil Kremer sur son blog où elle poste notamment ces quelques questions: Pourtant, combien de parents pensent qu’il faut faire mal à un enfant pour qu’il « obéisse » ? Faire mal plus ou moins, mais comment ? Quelle intensité doivent avoir la punition et les coups, quelle durée d’isolement sera efficace ?

About Amelie Blot

Je me rappelle étant petite que je disais à ma maman : "quand je serai grande je ne punirai pas mes enfants !". Les années ont passé, je suis devenue maman et ce principe qui "était" en moi est plus fort que jamais. Je me forme au quotidien, à travers mes lectures enrichissantes et auprès de mon petit Arthur, à une méthode d'éducation respectueuse et bienveillante. J'espère pouvoir vous transmettre le goût de vivre la fabuleuse aventure de la parentalité tout en préservant l'épanouissement familiale si nécessaire au bonheur.

14 14 commentaires

  1. Si vous voulez mon avis, oui la fessée et tout coup que le but soit éducatif ou non doit devenir illégal.
    Il est illégal de frapper qui que ce soit y compris la personne qui partage notre vie mais pas de frapper un enfant. C’est tout simplement illogique (en plus, d’être malsain).

    • Nous sommes bien entendu entièrement d’accord avec toi. Je pense que les parents qui usent de fessées sont des parents qui en ont reçu quand ils étaient eux-mêmes enfant. Je pense que celles-ci surviennent dans des moments de colère ou le contrôle de leurs émotions est difficile. Il faut faire de la prévention auprès de ces parents afin de leur faire comprendre que la fessée détruit.

      • Oui. Pardon. J’ai été un peu trop directe.
        Je comprends que ce ne soit pas facile pour tout le monde. Je ne juge pas les gens mais la société qui laisse les choses en l’état au lieu de faire passer le message que ce n’est pas normal et encore moins bon pour l’enfant. Une telle loi doit être le premier pas vers un vrai respect des enfants.

        • Ce que la loi n’interdit pas est donc autorisé.
          En France, nous avons des lois qui protègent la vie privée des personnes. Il n’est donc pas dans notre culture qu’autrui s’ingère dans nos relations de famille. Ainsi, il suffit d’écouter certains débats sur les médias pour se rendre compte qu’une partie de notre population ne souhaite pas que les hommes politiques viennent s’immiscer dans leur vie.
          Je crois moi aussi pourtant qu’une loi est indispensable pour faire prendre conscience aux gens qu’il faut trouver d’autres solutions éducatives.

          • Pour moi l’argument de la vie privée de tient pas : il est interdit de battre sa femme pourtant c’est exactement la même chose (quoique la femme est adulte et peut mieux se défendre et l’on sait à quel point c’est difficile). Doit-on supprimer la loi qui interdit de battre sa femme au nom du sacro-saint droit à la vie privée ?
            Les droits des uns s’arrêtent là où commencent ceux des autres. Et le droit des enfants (comme de n’importe quel être vivant) à ne pas être brutalisé passe à mon sens avant celui du respect de la vie privée de ses parents.

            • Je suis entièrement d’accord :-)
              J’essaie juste de trouver les raisons qui font que nous en sommes encore à ce stade de nos jours. Rare sont les sujets TV sur la maltraitance des enfants, alors que celui-ci des femmes est bien plus mis en avant. Il y a environ une femme qui décède tous les 3 jours sous les coups de son conjoint et 2 enfants par jour sous les coups de ses parents. Je ne cherche pas à savoir quel est le pire et lequel devrait être mis le plus en avant.
              Je crois qu’il y a un rejet et un déni pour les parents qui usent ou ont usé de la fessée. Compte tenu qu’ils sont certainement nombreux, les médias ne peuvent pas trop parler d’eux sous peine qu’un grand nombre d’entre zappe.

  2. Je corrige : il est légal de frapper un enfant, temps que c’est le votre.
    Celui qui croit le plus en vous, qui vous aime et qui croit que vous l’aimez en retour.

  3. Les échos de ce reportage font froid dans le dos ! C'est cela qui m'a convaincu de la nécessité de légiférer pour interdire la fessée tout en proposant aux parents sanctionnés des méthodes pour l'éviter ! Ne pas les stigmatiser, mais les former à faire autrement !

  4. Donc les gens ne veulent pas qu’on se même de l’éducation qu’ils donnent, mais ils sont d’accord qu’on se mêle de leur relation de couple … ben oui, on peut frapper son enfant, mais pas sa femme … c’est très injuste !

  5. Une fessé pour remettre les idées en place n’a jamais fait de mal et pourtant je ne suis pas une mère maltraitante qui donne des fessés pour rien alors en gros tous ceux qui donnent des fessés sont maltraitant donc tous ceux qui boivent sont des alcoolique etc!!!! C’est n’importe quoi faut pas mettre tous les gens dans le même sac!! Ce n’est parce que j’ai mis des fessés à ma fille que je vais la tuer ou lui écraser une cigarette sur elle!!! Vous êtes complètement à côté de la plaque! Il faut arrêter d’aller dans l’extrême tout le temps! Donc un petit garçon qui embrasse une poupée sera homo plus tard? Une petite fille qui adoreles paillettes sera forcément une stripteaseuse plus tard? N’importe quoi!!!

    • Ce qui est n’importe quoi, c’est de mettre tous les sujets dans le même panier. En particulier quand on ne sait pas de quoi on parle.
      Avez-vous des études pour étayer vos dires ? Autre chose que des exemples de voisinages ?

      Et pour votre fille, heureusement que vous n’allez pas la tuer (encore que si c’était le cas, vous ne viendriez certainement pas le dire ici, j’imagine). Pour autant, vous ne pouvez pas dire que vous ne lui faites pas de mal.

    • J ai été une enfant maltraitée… Mon père avait toujours une raison pour le faire. Je ne vois aucune différence dans vos propos. Autant j entends et comprends un parent qui craque et aimerait faire autrement, autant je ne comprends ni n excuserai jamais un parent qui frappe, l assume comme bon et va jusqu’à prôner la méthode.

      Les dégâts de cette méthode sont immenses. Plus tard, quand votre fille sera empêtrée avec un homme violent, vous ne comprendrez même pas pourquoi elle reste avec lui ! Voire même sera tuée… Vous ne ferez même la relation de causes à effets. Dommage… Et triste

      • Merci Thalie pour votre commentaire poignant et émouvant. Tout comme certains pays, la France devrait adopter une loi interdisant l’usage des violences physiques faites aux enfants, même la fessée. Car ou est la limite ? Comment l’enfant intègre ces violences? N’oublions pas que l’enfant prend ses parents en modèle, alors peut être serait-il judicieux de voir plus loin et de chercher des alternatives basées sur la communication positive en remplacement de la fessée?
        Bon courage Thalie,
        A très vite,
        Amélie

  6. Nous avons été, mes deux sœurs et moi, des enfants maltraitées physiquement et psychologiquement. La raison visible en était simple : ma mère n’a pas supporté que mon père la quitte, elle lui a voué une haine terrible et n’a vécu dans sa solitude de femme abandonnée que pour se venger de lui. Ses filles lui ont servi d’armes pour mener à bien son programme de vengeance minutieusement établi. Lorsqu’elle les frappait et les agressait verbalement, elle ne les voyait pas, c’était son ex-mari qu’elle agressait à travers elles.
    Dans des séparations conflictuelles, les professionnels qui gravitent autour de l’enfant (les juges, enquêteurs, psychologues, médiateurs, éducateurs, enseignants…) ont un rôle de prévention à jouer, ne serait-ce que dans l’observation de l’enfant. Tout professionnel qui entend, voit, mais n’agit pas est complice de maltraitance.
    Dans notre cas, mon père avait beau affirmer à la justice, preuves à l’appui, que nous étions maltraitées, il n’a jamais été entendu. Il était hors de question de revenir sur un jugement rendu en faveur de la mère. Et pourtant les droits de visites de mon père n’étaient presque jamais respectés, ce qui constituait un délit. Les choses ne me semblent pas avoir bougé un demi-siècle après, vu le nombre de pères aimants privés de leurs enfants et d’associations qui militent pour l’égalité parentale et le respect des droits de l’enfant.
    Régler des questions matérielles est plus facile que de deviner la souffrance de l’enfant, même si des signes la révèlent tels que des difficultés scolaires, de la violence, des larcins… et autres comportements anormaux.
    J’ai participé avec ma sœur Annie à l’émission de Sophie Davant sur France 2 Toute une histoire pour le thème « Qui sont ces mères qui maltraitent leurs enfants », diffusée le 26 mars dernier. Notre témoignage, ainsi que la contribution du Docteur Hélène Romano, se trouvent sur le site de Toute une Histoire à la date du 26 mars 2015 sous le lien suivant :
    http://www.france2.fr/emissions/toute-une-histoire/diffusions/26-03-2015_314285
    Les trois mamans maltraitantes qui ont témoigné avaient deux points communs : un parcours de vie compliqué et une grande solitude.
    Mes sœurs et moi n’avons pas reproduit sur nos enfants la violence que nous avons subie. Les frapper m’aurait renvoyée à mes premières années vécues dans la haine, le mensonge, l’absence d’amour et les parades pour survivre. Je les ai considérés comme des cadeaux extraordinaires, merveilleux, et quand on aime un cadeau on en prend soin.
    Comme vous, Amélie, quand j’étais petite fille pleurant au fond du jardin, loin des adultes, en berçant ma poupée (je n’avais pas de maman à qui me confier), je lui disais que lorsque je serai maman, je ne frapperai pas mes enfants. J’ai tenu parole.
    Sylvie Hippolyte, auteur du livre Les jeudis muets Moi, Fina, enfant du divorce.

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